Le Déficit de Personnel dans la Police Roumaine et la Police des Frontières : Une Crise Ignorée ?
Par SPRD – 15 février 2025
Un aspect fondamental qui explique les abus liés à la permanence forcée et non rémunérée à domicile est le manque massif de personnel au sein des structures de la police. Les données officielles fournies par l’IGPR, la DGPMB, les inspectorats de police départementaux et l’Inspection Générale de la Police des Frontières, en réponse aux demandes du Syndicat de la Police “Diamantul”, révèlent une situation alarmante : certaines unités fonctionnent avec un quart de leurs postes vacants, et dans certains départements, le déficit dépasse 28 %.
1. Situation des postes vacants au niveau national (février 2025)
Structure de police | % de postes vacants |
---|---|
IPJ Teleorman | 28,93 % |
Inspection Générale de la Police des Frontières | 25 % |
IPJ Constanța | 25,99 % |
IPJ Sălaj | 25,21 % |
IPJ Satu Mare | 24,76 % |
Bucarest (DGPMB) | 22 % |
IPJ Ialomița | 21,56 % |
IPJ Mehedinți | 21,09 % |
IPJ Brăila | 20,45 % |
IPJ Buzău | 18,03 % |
IPJ Arad | 18,47 % |
IPJ Ilfov | 15,3 % |
IPJ Olt | 13,28 % |
2. L’impact du manque de personnel sur le fonctionnement de la Police Roumaine et de la Police des Frontières
La situation est particulièrement critique dans des départements comme Teleorman (28,93 %) et Constanța (25,99 %), où près d’un tiers des postes de police sont vacants, affectant gravement la capacité opérationnelle du Ministère de l’Intérieur (MAI).
Cette pénurie de personnel entraîne des conséquences majeures :
🔴 Surcharge de travail pour les policiers en service – Le déficit entraîne une charge de travail excessive, forçant les policiers à travailler bien au-delà des limites légales.
🔴 Utilisation abusive de la permanence à domicile – Plutôt que de recruter de nouveaux policiers, la direction du MAI impose aux unités opérationnelles de compenser ces manques par une permanence forcée, sans compensation financière.
🔴 Risques opérationnels accrus – Dans les départements avec une forte pénurie de personnel, les délais d’intervention s’allongent, et les agents doivent gérer des situations complexes avec des effectifs réduits.
🔴 Problèmes dans les grandes villes et aux frontières – Bucarest fonctionne avec un déficit de 22 %, tandis que les départements frontaliers comme Constanța, Mehedinți et Arad ont entre 18 % et 26 % de postes vacants, ce qui compromet la lutte contre la criminalité transfrontalière.
3. Pourquoi n’y a-t-il pas de recrutements ?
Bien que le problème du déficit de personnel soit bien connu, le gouvernement et la direction du MAI évitent de prendre des mesures concrètes pour embaucher de nouveaux policiers. Les raisons sont évidentes :
✅ Réduction des dépenses – Les salaires des policiers représentent un coût important, et le gouvernement préfère imposer des mesures d’austérité.
✅ Politique de gel des postes vacants – Plutôt que d’assurer une prévisibilité, de bonnes conditions de travail et de rémunération, le gouvernement et le MAI préfèrent depuis des années maintenir ces postes non pourvus afin de réduire la pression budgétaire.
4. Une hypothèse difficile à croire, mais qui mérite d’être analysée
Il existe également une hypothèse qui, bien que difficile à croire, mérite d’être soulevée, car elle repose sur des faits concrets, notamment l’ordre ministériel concernant la majoration salariale “Bayraktar”.
Se pourrait-il que le gouvernement tente d’offrir des incitations salariales aux policiers, mais que l’administration centrale du MAI, dirigée par Cătălin Predoiu et Bogdan Despescu, limite l’accès à ces avantages, avec une intention cachée ?
Un exemple concret est l’augmentation de salaire pouvant aller jusqu’à 30 %, prévue par l’article VIII de l’OUG 26/2024 (“Bayraktar”).
Bien que cette ordonnance ait été adoptée pour augmenter les revenus des policiers et compenser leurs conditions de travail difficiles, la direction du MAI semble avoir restreint abusivement son champ d’application, de sorte que seule une minorité du personnel puisse bénéficier de cette augmentation.
Quelques preuves qui soutiennent cette hypothèse :
🔴 Une exigence injustifiée de notation “très bien” – Pour qu’un policier puisse bénéficier de l’intégralité du pourcentage fixé pour sa structure, il doit avoir une évaluation “très bien”, ce qui exclut automatiquement une grande partie du personnel.
🔴 Double sanction disciplinaire par le retrait du droit à l’augmentation – Si un policier est sanctionné, il subit non seulement une sanction disciplinaire, mais perd également son droit à l’augmentation salariale prévue par l’article VIII de l’OUG 26/2024. Cette mesure n’a aucun fondement juridique et constitue une interprétation abusive de la part de la direction du MAI.
Dans ce contexte, une question légitime se pose : Pourquoi le gouvernement tente-t-il d’améliorer les salaires des policiers, alors que la direction du MAI fait tout pour leur restreindre ces droits ?
5. Conclusion : Le déficit de personnel et le manque de fonds sont la véritable cause des abus
La permanence à domicile, imposée illégalement et non rémunérée, est une solution désespérée à un problème chronique : le manque de policiers dans le système.
Au lieu de respecter la législation européenne et d’assurer des conditions de travail décentes, la direction du MAI transfère le fardeau sur les épaules des policiers, les forçant à combler les lacunes du personnel sans compensation financière.
Il est impératif que le gouvernement et le MAI prennent des mesures urgentes :
🔵 Recruter un nombre suffisant de policiers pour combler le déficit
🔵 Éliminer l’abus de la permanence à domicile
🔵 Respecter le temps de travail et les droits salariaux des policiers
Sans réforme en profondeur, la Police Roumaine et la Police des Frontières continueront de fonctionner en mode dégradé, avec de graves conséquences pour la sécurité des citoyens et les conditions de travail des policiers.
Alin Rusu
Leader SPRD – Organisation STPF Suceava